
Depuis quelques jours, je réalise pour une fédération sportive un mandat qui implique la création de schémas. Ils présentent le fonctionnement du système sportif canadien, en y intégrant la vision des organismes de régie du sport concerné. Ces documents doivent être simples à comprendre pour des personnes moyennement impliquées dans les structures locales.
Je profite donc de ce mandat pour actualiser mes connaissances! Heureusement, mon année de travail à l’Institut national du sport du Québec m’a permis d’y voir plus clair. Pour m’aider dans ma réflexion, je me suis appuyé sur différents documents élaborés au fil du temps. Certains datent même de l’époque où j’étais encore étudiant au baccalauréat.
Outre le fait que je réalise qu’il s’en est passé du temps, je me remémore la multitude de changements qui ont marqué notre système sportif en moins de 15 ans. Si l’on veut savoir où nous allons, il ne suffit pas de regarder où nous sommes aujourd’hui, mais d’où nous venons.
Passion, engagement et micro-gestion
La culture managériale qui me semble la plus répandue dans le système sportif est celle de la micro-gestion. Nous l’acceptons au nom de la quête sainte de résultats. Il ne s’agit pas d’une critique négative puisque le sport est fondamentalement ainsi fait; il s’inscrit dans un paradigme où l’on désire vaincre, que ce soit dans un contexte récréatif ou d’excellence. Nous pouvons voir également cela comme le résultat de la passion et de l’engagement des différents acteurs. Cette culture a néanmoins des impacts préoccupants. Pour trouver sa place, nombre d’initiatives voient ainsi le jour au sein de nouvelles structures, et par conséquent, les ressources se retrouvent dispersées.
Même si notre système confère à plusieurs organisations un large champ d’action et que les ressources ont été bonifiées au fil du temps, il en demeure que les différentes structures font toujours face à d’importants défis pour accomplir leur mission. Pour ce faire, elles doivent constamment faire appel à plusieurs autres organisations. C’est une sorte de processus naturel qui régule le système pour s’assurer que nous travaillons tous dans une même direction. Toutefois, ce processus arrive avec des contraintes additionnelles, qui alourdissent considérablement la charge administrative des diverses instances.
Est-ce que vous m’avez suivi? Je trouve que ça manque de visuel! Quand j’aurai terminé le mandat sur lequel je travaille actuellement, je vous promets de faire suivre le résultat puisque ce sera publié sur le site Web d’une fédération.
Ce que je trouve difficile dans la rédaction de ces schémas, c’est de savoir pertinemment qu’ils ne seront que le reflet de notre système au moment présent. De surcroit, puisque nous sommes passionnés par le sport, notre fibre compétitive est intense et nous pousse constamment à vouloir progresser. Le statu quo n’est décidément pas imprégné dans l’ADN du sport. Et en soi, c’est positif!
Améliorer l’accessibilité des ressources
La liste des organisations impliquées de près ou de loin dans le sport est donc longue, très longue. Est-ce que tout ce système est efficient? Avec ce que j’ai décrit précédemment, j’en doute.
Pour contrer ce phénomène, le système sportif doit se coordonner davantage et faire confiance à tout un chacun, du bénévole au professionnel.
Dans cette perspective, un professionnel qui œuvre au sein d’une organisation sportive risque bien d’être étourdi par toutes les ressources disponibles et les nombreuses démarches à remplir en termes de reddition de compte. Et une fois qu’il les aura obtenues, est-ce qu’il aura le temps de les utiliser? Je me rappelle le commentaire très pertinent que m’avait fait l’entraîneur d’une équipe nationale dans l’un des sports où le Canada obtient régulièrement des médailles aux Jeux olympiques (il s’agit d’un détail important puisque cela signifie qu’il s’agit d’un sport qui dispose davantage de ressources monétaires que la majorité des autres sports). Il m’avait indiqué que pour réaliser davantage de projets qui pourraient être bénéfiques pour son sport, il avait besoin d’aide. Autrement dit : il manquait juste de temps pour coordonner l’ajout d’une ressource. Il y a un vieil adage qui dit que si l’on veut qu’une chose importante soit faite, on doit toujours la confier à une personne occupée de sorte que cette personne n’ait pas le choix de s’organiser pour la faire! Mais qu’arrive-t-il lorsque cette même personne est saturée? Les opportunités passent sans pouvoir les saisir.
Si un professionnel peut être affecté par une telle structure, j’imagine bien dans quelle situation peuvent se retrouver de nombreux bénévoles. Alors que je travaillais au sein d’une fédération sportive, j’ai eu de nombreuses discussions avec des dirigeants de clubs afin de leur expliquer des parcelles du fonctionnement du système. Cette situation a tendance à rendre les communications tendues entre les différentes parties, en plus de créer des frustrations lorsque l’on se rend compte des erreurs ou des opportunités manquées. Le temps est insuffisant pour bien des intervenants, qu’ils soient bénévoles ou professionnels, afin de bien comprendre les rouages de notre système sportif.
En conséquence, est-ce que la prochaine étape pour le système sportif canadien ne serait pas de s’attarder davantage à l’efficience de sa structure? Auparavant, les ressources manquaient. Maintenant que nous en avons davantage, il est le temps de les optimiser! Notez que je ne parle pas d’efficacité. Je pense qu’il est préférable de mieux aligner les missions et les visions des nombreuses organisations, à les intégrer et à améliorer l’accessibilité des ressources en diminuant les barrières administratives. Il faut également œuvrer davantage à placer les athlètes et les personnes déterminantes pour leur réussite au cœur des prises de décision.
Optimiser sa propre approche
Et s’il y avait un ingrédient pour les clubs sportifs afin de simplifier tout ça? Il s’agit en partie de la vision que nous avons.
Pour effectuer l’accompagnement stratégique des conseils d’administration des clubs sportifs, nous analysons les parties prenantes afin de toujours émettre des recommandations qui intègrent la vision de l’ensemble des engrenages du système sportif.
Il s’agit d’un volet qui nous tient à cœur puisqu’il vise à s’assurer que les ressources disponibles pour aider les clubs sportifs sont optimisées, en plus de minimiser les efforts à déployer pour comprendre les tenants et aboutissants de cet environnement dynamique, en pleine ébullition.